Et la pression monte dans des régions comme le Nangarhar (est du pays à la frontière avec le Pakistan). Arrêter les fermiers et détruire leurs plantations est une chose, mais quelle alternative est proposée afin de permettre à une famille afghane de survivre quand le blé rapporte dix fois moins à l'hectare que la culture de l'opium dans un pays appauvri par vingt trois années de guerres. On parle de substituer les champs de pavot par des tapis de roses afin d'en extraire l'essence pour la commercialiser en parfumerie. D'un paradis à un autre, il n'y aurait qu'un pas mais qui semble bien loin à franchir pour l'instant.Dans la foulée, un autre email m'est parvenu par le biais d'une des nombreuses antennes des Nations Unies, qui délivre des informations « assez » ! précises : "Reports have indicated that the potential attacker (suicide bomber) is a male operating alone with approx 2 kgs of explosives attached to him. Base onreports and investigations ISAF have provided some characteristics features (non exhaustive list, and not all described features must be necessarilyaccomplished at the same time) of potential suicide attackers, which could beuseful in order to recognize a potential threat..
- 95% of suicidal attackers, (BBIED, VBIED) there was a single attacker in thevehicle.
- Wearing bulky clothing.
- Wearing sunglasses.
- Sweating, agitated.
- Elated, smiling, happy.
- Mumbling, reciting the Koran passages.
- Protecting genitals.
- Freshly shaved, short hair.
- Visibly altered appearance.
- Marking on forearms.
- Holding onto something, clenching fist.
- Wire or toggle protruding from clothing/bag.
- Cuts in clothing/bag».
Après cette énumération qui a de quoi rendre parano quiconque met les pieds dans la rue, votre humble narrateur tient tout de suite à vous rassurer : je veille àm'écarter de toute personne qui portent des lunettes de soleil en pleine journée et qui a les cheveux courts! C'est marrant, c'est à peu de chose prêt le portrait robot des mercenaires, en particulier ceux employés par la société DynCorps (cf Chroniques du 6 octobre 2004), en vadrouille en ville. Dire qu'en prime ils portent de façon bien ostentatoire leurs armes aux poings et le pistolet dans les porte-flingues.
eufs de poules. Dans la rue, ces oeufs de combat, préalablement bouillis, sont facilement reconnaissables parce que peints en rouge ou jaune pour les rendre plus attractifs dans les paniers. Ils coûtent généralement 5 afghanis pièce (moins de 0,08 euro cent). Le but dujeu, élémentaire, consiste pour deux adversaires à choisir un oeuf et à chacun à son tour de frapper l'oeuf de son adversaire. Tout repose donc sur le choix minutieux du « bon » oeuf. La partie tient donc en deux rounds. Celui qui se fait casser son oeuf paye l'addition pour les deux et le vainqueur repart avec son œuf intact et celui cassé pour le manger. Ca n'a rien de vraiment impressionnant mais cela a le mérite de beaucoup amuser les Afghans qui en sont très friands. Plus spectaculaire sans doute, sont les combats de chameaux qui se tiennent dans la région de Mazar-e-Sharif dont j'ai entendu parlés, mais auquel je n'ai pas pu assister. Du même genre, et assez brutal sont les combats de chiens (Sag jangi, en dari) qui attirent des centaines de personnes en plein Kaboul. Et l'hiver est la saison, non pas de la chasse, mais des combats. Ils ont lieu le vendredi, jour férié pour les musulmans. Cette fois c'est dans le quartier de Shaman-e-Babrak au Nord de la capitale que les duels sont organisés.
olidement tenues en laisse par leurs propriétaires à l'aide de larges cordes, les mastodontes canins ne demandent qu'à bondir pour choper le voisin le plus proche. La gueule large et la charpente trapue et musculeuse, ces bouledogues sont apparemment nés pour se battre. Tout autour d'eux, le public, uniquement masculin et constitué de centaines de personnes, fait le pied de grue dans l'attente du prochain match. Enroulés dans un patou (longue pièce de tissue), turban ou pacol (chapeau traditionnel surtout porté par les Nouristanais et les Tadjiks afghans) vissés sur la tête, longue barbe blanche ou noire de jaie, soigneusement taillée et parfois colorée au henné, la galerie de portraits des spectateurs est digne d'une superproduction hollywoodienne.
Au cour des rixes, le speaker, Khalail, célèbre pour l'organisation de combats de chiens, fait son show. A l'aide d'un porte-voix et de son sifflet, le vieuxbonhomme enturbanné, suivi comme un petit chien par son assistant, distille ses paroles de crieur populaire pour amuser la foule. Et en guise de distraction supplémentaire, il
fouette l'air et les gêneurs sur son passage avec son bâton, à mi-chemin entre le tue-mouche et la cravache. Comme j'essaye de coller au plus prêt de l'action, je me retrouve forcement dans lec ollimateur du père fouettard afghan,
ce qui, bien sûr, fait marrer tout le monde. Mais vu que je ne me laisse pas intimider il passe son chemin. Bon, ilfaut dire aussi qu'il m'a quémandé à plusieurs reprises de l'argent pour m'accorder le droit de prendre des photos. Je feins de ne pas comprendre cequ'il veut, même s'il frotte bien clairement sous mes yeux son pouce et son index pour me tenter de me faire cracher quelques billets. Inflexible, je joue la carte de la patience. Et le spectacle continue.
travers le temps de les préparer et de retirer leur harnais. Au signal, le drap est abaissé et les deux molosses bondissent l'un sur l'autre tout de go. Le premier choc frontal est violent et émet un son lourd sous les cris et les gloussements de la foule ravie. Les chiens sebattent avec hargne, jusqu' à l’épuisement, la bave et l'écume aux commissures des gueules. J'entends encore le râle de leur respiration, accélérée par l'effort et leur rage.
révulsés, l'un des chiens reste au tapis, K.O. mais toujours solidement maintenu par son adversaire. Les propriétaires des chiens sont obligés de les séparer avec de l'eau fraîche. Et le perdant, agonisant, a le droit de s'en prendre une giclée supplémentaire, histoire desortir d'un demi coma. Les pupilles dilatées, il repart finalement au bout de quelques minutes, hagard et titubant sur ses pattes, aidé par son maître àquitter l'arène. De son côté, Chagher, le vainqueur, est portée en triomphe parson maître Jalal. Survoltée, Jalal originaire d'Istalef, un village situé à 1 heure deroute au Nord de Kaboul, lance au-dessus de lui une liasse d'Afghanis qui déclenche un mouvement de foule. L’argent et l'euphorie retombés, Jalal medit, fier comme Harpagon, que son « poulain » reste une fois de plus invaincu. Et ce matin, il aurait empoché 10 000 afghanis (près de 150 euros) avec cette nouvelle victoire grâce aux paris. Une valeur sure donc mais qui demande beaucoup d'attention. Jalal me détaille le régime alimentaire impressionnant de son molosse : pas moins de 15 oeufs par jour et 2 kg de barbaque de vache, plutôt l'intérieur et pas les meilleurs morceaux, plus chers bien évidemment.
our le pays. Mais ça n'empêche pas que les propriétaires tiennent à leur chiens comme à la prunelle de leurs yeux et que de s'en séparer équivaut à un immense sacrifice. Même contre une voiture japonaise me dit-on, certains refusent de l'échanger. La cote de ces bons toutoux peut monter même àplusieurs milliers de dollars. Ce qui rend d'autant plus animé les combats, que ce soit du côté
des chiens mais aussi des propriétaires. « Il faut faire attention, c'est dangereux me confie Yemak, un photographe afghan qui m'accompagne. C'est un vrai casino ici et les gens parient beaucoup d'argent. Alors ils ne rigolent pas ». Ok, je ne fais pas le malin et je prends pour argent comptant ces conseils. C'est vrai que l'on sent que l'ambiance est électrique. Lors des duels, les coachs virevoltent autour en criant, sifflant, caressant leur protéger, parfois tentant de le bousculer pour booster leur étalon, l'énerver, le relancer dans la bagarre alors qu'il est pris au collet. Et lorsqu'un propriétaire, un peu trop inquiet, tente d'interrompre u
ne partie, souvent parce que son chien est en mauvaise posture, on frise la bagarre générale. J'ai vu un propriétaire mécontent fondre sur son adversaire, ce qui a eu pour effet de déclencher l'attroupement d'une marée humaine au beau milieu de l'arène. En quelques minutes, la confusion et la pression retombe, grâce à l'intervention de policiers qui distribuent à tout va des coups de matraques, en un peu plus vif que le vieux speaker. On sépare les hommes et les bêtes et tout rentre dans l'ordre pour le prochain combat. Wouf !


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