dimanche 17 juin 2007

« L’Atmosphère » apaisée…

Le restaurant français à Kaboul l’Atmosphère a ré-ouvert ses portes le 17 juin, après sa fermeture précipitée. Le fisc afghan réclamait pas moins de 500 000 USD à son propriétaire, Marc Victor, du coup, s’était mis en grève de la faim. A lire ma chronique précédente du 7 juin dernier. De toute évidence, un terrain d’entente ait été trouvée depuis. Open bar pour tout le monde ?!

jeudi 7 juin 2007

« Grande bouffe » au pays du kabouli*

Faire des affaires en Afghanistan peut coûter cher. Demandez plutôt à Marc Victor, un français qui a ouvert un restaurant l’été 2004 à Kaboul. Les affaires tournaient bien pour lui. Très bien même. Si bien qu’il a ouvert l’hiver dernier un autre restaurant frenchy à Islamabad, au Pakistan voisin, fort de la réussite de son restaurant dans la capitale afghane. Mais, qui dit pays instable, dit aussi mauvaises et coûteuses surprises qui peuvent du jour au lendemain frapper à votre porte… Comme une facture de 500 000 US dollars (370 000 euros). Une somme vertigineuse dans un pays dans lequel le salaire mensuel moyen atteint à peine 50 dollars américains (37 euros). C’est pourtant bien ce que réclame le fisc afghan à Marc Victor au titre de son activité professionnelle à Kaboul. L’expérience de plusieurs années du pays et les contacts nouer sur place ne protégent pas toujours de l’arbitraire ou des nouvelles « lois » afghanes. Reste que Marc Victor vient d’entamer une grève de la faim depuis deux jours (Source AFP**) –tout un symbole pour un restaurateur- afin de protester contre le paiement de ces impôts exigés par les autorités afghanes. Marc, ancien journaliste de 46 ans, affirme qu’il aura au total payé au 20 juin quelque 120 000 dollars (près de 90 000 euros) en impôts depuis l’ouverture de son restaurant, L’Atmosphère, en août 2004. Il a notamment attribué cette affaire “aux sentiments xénophobes” de certains fonctionnaires (Source AFP). Certains voient probablement en l’homme d’affaire une vache à lait, assurés qu’il y a de l’argent à se faire chez quelqu’un qui attire dans son établissement tous les gros salaires de Kaboul, des employés des Nations Unies à ceux d’autres grandes organisations internationales, en passant par toutes sortes de businessmen et autres agents de compagnies privées de sécurité. Même si au beau milieu de cette gente pour la plupart masculine, il y a bien aussi des volontaires d’ONG internationales aux revenus plus modestes. De toute évidence, le succès du restaurant n’a certainement pas attiré que les regards, mais aussi les convoitises. En Afghanistan et après tout, en affaire en général à travers le monde, l’argent se prend là où il se trouve. Business légal, illégal, mafieux, moral ou non, peu importe, l’argent n’a pas d’odeur comme dit si bien l’adage populaire. Le restaurant L’Atmosphère, même s’il a fourni une formation et du travail à de nombreux jeunes afghans, n’a pas eu que des mœurs « islamiques », au sens coutumes locales. L’alcool y a bien souvent coulé à flot, à l’exception des Afghans qui ne pouvaient pas produire un passeport autre qu’afghan. Alors, aujourd’hui, face a cette situation, que de questions restées en suspend. Sur quelle base de calcul, ces 500 000 dollars ont-ils été calculé dans un pays dans lequel le système fiscal est encore balbutiant ? L’Atmosphère génère-t-il vraiment autant de bénéfices, et dans ce cas, ce type de business n’est-il pas une belle alternative à celui de la production d’opium qui court le pays ? Marc subit-il une vengeance ? Ou bien Marc a-t-il fait un faux pas ? Ou encore fait-il les frais de jalousies ou bien d’un coup tordu de concurrents prêts à tout pour récupérer le business si son restaurant venait à fermer définitivement. Vu le succès qu’était le sien jusqu'à récemment (il aura versé tout de même 120 000 dollars d’impôts), les liasses de dollars qui circulent, liées à la reconstruction d’un pays dont honnêtement l’Afghan de la rue peine encore à voir, se retrouveront bien quoi qu’il en soit dans quelques poches de costumes. D’officiels ou non, corruption oblige. Quand il s’agit de dénoncer ce système qui gangrène le pays, personne ne se met à table pour ainsi dire. Pourtant, ne manque pas ceux qui mangent dans l’assiette des autres. Une sorte de « Grande bouffe » à l’afghane à laquelle ne participent que les mieux placés. L’homme de la rue n’ayant à peine que des miettes pour survivre, cinq ans après l’éphémère vent de liberté qui a soufflé sur le pays avec le départ des Taliban de Kaboul.

Blog du restaurant l’Atmosphère à Kaboul : http://latmospherekabul.blogs.com/

* Le Kabouli palaw est un plat national afghan composé de riz et de viande, accompagné de raisins secs et de fines lamelles de carottes.
**Dépêche AFP :

http://www.expatica.com/actual/article.asp?subchannel_id=25&story_id=40494