jeudi 5 juillet 2007

« Celui qui dresse les serpents finit toujours dans leur estomac »

Tirée de la revue de presse réalisée par l’ambassade de France à Kaboul, le quotidien Weesa écrit : « Celui qui dresse les serpents finit toujours dans leur estomac » ; cet article en pleine page, consacré aux événements de la Mosquée Rouge à Islamabad, estime que le Pakistan vit aujourd’hui « ce qu’il a fait subir à l’Afghanistan pendant des années ». Après avoir cité un autre proverbe persan, selon lequel « le creuseur de puits finit toujours par tomber dedans », l’article rappelle un récent rapport du Haut Conseil de Sécurité du Pakistan, qui mettait en garde contre la propagation de l’« idéologie tâleb » dans la société.

Je vous rappelle le contexte de la situation de la Mosquée rouge d’Islamabad :
« La Mosquée rouge a été assiégée mercredi par des centaines de membres des forces de sécurité pakistanaises après des heurts qui ont fait seize morts depuis mardi. Le gouvernement du président pakistanais Pervez Musharraf tente de contrôler la mosquée fondamentaliste dans le cadre de son soutien à la "lutte contre le terrorisme" menée par son homologue américain George Bush. La mosquée rouge est accusée de servir de refuge à des talibans combattant en Afghanistan et des islamistes pakistanais les soutenant. » Source AFP, jeudi 5 juillet 2007.

mercredi 4 juillet 2007

"Erreurs destructives massives" pour l'Iraq

Je me rappelle encore comme si c’était hier de ces déclarations alarmantes de la part du président des Etats-Unis sur la détention par Saddam Hussein d’armes de destructions massives. Soi-disant preuves irréfutables à l’appui.
Mais le 29 juin dernier, j’apprends –très discrètement-, que l’Organisation des Nations Unies met officiellement fin à la Commission de contrôle, de vérification et d’inspection des Nations Unies (COCOVINU – UNMOVIC United Nations Monitoring, Verification and Inspection Commission en anglais). Et avec quel résultat ? Rien. Fausse alerte. Les experts n’ont pas officiellement trouvé d’armes de destructions massives.

L’Iraq donc au début 2003, au moment de la prise de décision de l’invasion du pays par les troupes américaines, ne disposait pas d’armes de destructions massives prêtes à défigurer la face du monde. Il y avait bien quelques tubes en aluminium comme la Maison Blanche l’a si bien soulignée lors de ses discours va-t-en guerre. Mais cela justifiait-il-le choix d’envahir l’Irak et de faire tomber le despote Saddam Hussein ? La raison n’était-t-elle pas ailleurs ?
Dans ce cas, cela veut dire que la Maison Blanche a vendu « sa » guerre et qu’elle l’a justifiée auprès de la communauté internationale et de ses compatriotes sur la base d’un mauvais prétexte et de fausses informations. C’est cela qui est grave. Même si, cette fois-ci, c’est un dictateur sanguinaire qui est bien tombé. Mais à quel prix aujourd’hui pour le peuple irakien !

Mais encore, demain, sur la base de mensonges officiels, un homme politique, élu légitimement par son propre peuple, peut bien voir sa tête mise à prix et tomber. Comme celle de Saddam Hussein, la nuque brisée. Cela a d’ailleurs déjà été le cas, ailleurs, avec l’appui de la CIA. Faire et défaire les régimes politiques est une spécialité des services spéciaux américains depuis un siècle. Flashback. Au nom de la lutte contre le péril communiste, le socialiste chilien Salvador Allende n’a pas pu terminer son mandat présidentiel. Isolé et assiégé par les troupes du général Pinochet (soutenu par la CIA), il se suicide un certain 11 septembre… 1973. Tout ça, parce qu’il était jugé trop « gauchiste » par le pouvoir américain en ces temps de guerre froide. Et pourtant. L’homme populaire représentait un espoir dans son pays. Malheureusement pour lui et son peuple, il n’était pas en odeur de sainteté chez l’Oncle Sam d’Amérique. Maintenant, à qui le tour…
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Je vous reprends ci-dessous deux paragraphes de compte-rendu de la 5710e séance du Conseil de sécurité (CS/9064) du 29 juin 2007 qui ont conduit au vote de la résolution 1762 mettant aussitôt fin au mandat de la UNMOVIC.

La déclaration de M. DEMETRIUS PERRICOS, Président exécutif par intérim de la Commission de contrôle, de vérification et d’inspection des Nations Unies (COCOVINU) : « Au cours de la période allant du 27 novembre 2002 au 17 mars 2003, date à laquelle les inspecteurs ont été retirés, la COCOVINU a mené 731 inspections, couvrant 411 sites dont 88 n’avaient pas été inspectés dans le passé. Le 13e rapport trimestriel indique en outre qu’au cours de cette période, la Commission n’a pas trouvé la trace d’une reprise du programme d´armement iraquien ni de quantité significative de matériaux proscrits. Les inspecteurs avaient découvert un petit nombre d’ogives chimiques vides qui auraient été fabriquées avant 1990 et qui ont été alors détruites tout comme l’ont été des missiles Al Samoud II. Toutefois, ni le régime d’inspection, ni les déclarations, ni les documents soumis ont permis de faire la lumière sur des questions en suspens dont la liste avait été présentée au Conseil le 19 mars 2003. »

Et bien sur celle de M. ZALMAY KHALIZAND (États-Unis) qui « est revenu sur les mesures prises par son pays pour enquêter sur la présence d’armes de destruction massive en Iraq. Le Groupe d’investigation en Iraq dirigé par les États-Unis a enquêté du printemps 2003 au début de l’année 2005. Si les conditions de sécurité ont parfois rendu cette tâche difficile, le Groupe d’investigation et les membres de la Coalition ont pu faire leur travail et conclure que l’Iraq ne disposait ni d’armes de destruction massive ni de leurs vecteurs même si le Groupe d’investigation continue de trouver des stocks isolés de munitions. »

Lien des comptes rendus de séances de l’ONU sur cette question :
En français : http://www.un.org/News/fr-press/docs/2007/CS9064.doc.htm
In English: http://www.un.org/News/Press/docs/2007/sc9064.doc.htm
Lien sur la mission de la UNMOVIC : www.unmovic.org

Mémoire d’un chansonnier

Hommage à Gaston Couté, et à ses textes hors du temps, tellement présents.

Il est de ces textes intemporels. Sans âge. Certes il y a l’usage du patois. Mas si la forme et le verbe sonnent “ancien”, le contenu et le ton raisonnent “contemporain”. Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, je vous recommande la lecture des textes de Gaston Couté, chansonnier et poête beauceron (1880 – 1911). L’inspiration est rurale. Le verbe tout autant. Le regard est affûté et la critique acerbe. Anarchiste de combat, Couté trouve l’emphase dans les grands combats ideologiques (pacifisme, laïcité). Plutôt que de paraphraser ce qui a déja été écrit sur Gaston Couté depuis des décennies, je vous renvoie à la lecture de sa vie et ses oeuvres sur Internet à la fin de cette chronique. En introduction à l'édition complète des œuvres de Gaston Couté sous le titre La chanson d’un gâs qu’ mal tourné, on peut lire: “Lisez... Mais une précaution : Lisez-les vous. Oui ! Les textes de Gaston Couté sont presque tous écrits pour être dits. Il faut donc "se les lire". Les entendre. Ils ont le rythme de la parole. Ils sont "à la bouche", pas pour les yeux...”

Voici un des ses textes, “Le gâs qu'a mal tourné”.

Dans les temps qu'j'allais à l'école,
- Oùsqu'on m'vouèyait jamés bieaucoup, -
Je n'voulais pâs en fout'e un coup ;
J'm'en sauvais fér' des caberioles,
Dénicher les nids des bissons,
Sublailler, en becquant des mûres
Qui m'barbouillin tout'la figure,
Au yeu d'aller apprend' mes l'çons ;
C'qui fait qu'un jour qu'j'étais en classe,
(Tombait d' l'ieau, j'pouvions pâs m'prom'ner !)
L'mét'e i'm'dit, en s'levant d' sa place :
"Toué !... t'en vienras à mal tourner !"

Il avait ben raison nout' mét'e,
C't'houmm'-là, i'd'vait m'counnét' par coeur !
J'ai trop voulu fére à ma tête
Et ça m'a point porté bounheur ;
J'ai trop aimé voulouér ét' lib'e
Coumm' du temps qu' j'étais écoyier ;
J'ai pâs pu t'ni' en équilib'e
Dans eun'plac', dans un atéyier,
Dans un burieau... ben qu'on n'y foute
Pâs grand chous' de tout' la journée...
J'ai enfilé la mauvais' route!
Moué ! j'sés un gâs qu'a mal tourné !

A c'tt' heur', tous mes copains d'école,
Les ceuss' qu'appernin l'A B C
Et qu'écoutin les bounn's paroles,
l's sont casés, et ben casés !
Gn'en a qui sont clercs de notaire,
D'aut's qui sont commis épiciers,
D'aut's qu'a les protections du maire
Pour avouèr un post' d'empléyé...
Ça s'léss' viv' coumm' moutons en plaine,
Ça sait compter, pas raisounner !
J'pense queuqu'foués... et ça m'fait d'la peine
Moué ! j'sés un gâs qu'a mal tourné !

Et pus tard, quand qu'i's s'ront en âge,
Leu' barbe v'nu, leu' temps fini,
l's vouéront à s'mett'e en ménage ;
l's s'appont'ront un bon p'tit nid
Oùsque vienra nicher l' ben-êt'e
Avec eun' femm'... devant la Loué !
Ça douét êt' bon d'la femme hounnête :
Gn'a qu'les putains qui veul'nt ben d'moué.
Et ça s'comprend, moué, j'ai pas d'rentes,
Parsounn' n'a eun' dot à m'dounner,
J'ai pas un méquier dont qu'on s'vante...
Moué ! j'sés un gâs qu'a mal tourné !

l's s'ront ben vus par tout l'village,
Pasqu'i's gangn'ront pas mal d'argent
A fér des p'tits tripatrouillages
Au préjudic' des pauv'ers gens
Ou ben à licher les darrières
Des grouss'es légum's, des hauts placés.
Et quand, qu'à la fin d'leu carrière,
l's vouérront qu'i's ont ben assez
Volé, liché pour pus ren n'fére,
Tous les lichés, tous les ruinés
Diront qu'i's ont fait leu's affères...
Moué ! j's'rai un gâs qu'a mal tourné !

C'est égal ! Si jamés je r'tourne
Un joure r'prend' l'air du pat'lin
Ousqu'à mon sujet les langu's tournent
Qu'ça en est comm' des rou's d'moulin,
Eh ben ! I' faura que j'leu dise
Aux gâs r'tirés ou établis
Qu'a pataugé dans la bêtise,
La bassesse et la crapulerie
Coumm' des vrais cochons qui pataugent,
Faurâ qu' j'leu' dis' qu' j'ai pas mis l'nez
Dans la pâté' sal' de leu-z-auge...