Sale temps a l’horizon !
Avis de tempête sur l’Afghanistan le 9 octobre prochain… Restez planqué, le temps que la tourmente passe… C’est le bulletin prévisionnel que nous annonçaient à la veille du scrutin les “Madame Soleil” et autres “météorologues” de la géopolitique. Mais, la rafale n’a pas eu lieu et rares sont les roquettes à être tombée du ciel. Ce 9 octobre 2004 a été pour ainsi dire calme, pour un pays comme l’Afghanistan après 23 ans de guerres et d’instabilité politique.
Pourtant, ce jour là, le temps était étrangement menaçant. La veille au soir déjà, après une belle journée ensoleillée de fin d’été, le vent s’est brusquement levé. Et la poussière avec, s’infiltrant partout dans les moindres recoins. En un rien de temps, le ciel de Kaboul est passé d’un bleu azur à une couleur sable. Les superstitieux pouvaient y voir un mauvais présage pour ces premières élections annoncées comme démocratiques. Dans l’ensemble on peut dire que… c’est mieux que si c’était pire!!!
Jour J
Les Humvee, ces larges véhicules militaires blindés américains, traversent la ville désertée sur les chapeaux de roue, mitraillette au vent. Plus un seul embouteillage, ni coups de Klaxon intempestif. La ville s’est vidée comme soufflé par un vent de sable. Seule reste la poussière et quelques âmes nomades, donnant à Kaboul une ambiance de farwest version Asie centrale.
C’est le Jour J pourtant. De bon matin, une poignée de journalistes font le pied de grue devant l’endroit où le président intérimaire Hamid Karzai est attendu pour voter. Bien évidemment, ne rentre pas qui veut. Il faut montrer patte blanche et surtout l’accréditation de presse. Fouille au corps de la tête aux pieds; chien renifleur d’explosif pour tous les objets annexes (téléphones portables, cameras, sacs, etc.), tout y passe… sauf les chaussures… Un point en moins messieurs de la sécurité. Pendant la fouille, l’ambiance est polie et, bien sagement, tout le monde se prête au jeu.
Les Humvee, ces larges véhicules militaires blindés américains, traversent la ville désertée sur les chapeaux de roue, mitraillette au vent. Plus un seul embouteillage, ni coups de Klaxon intempestif. La ville s’est vidée comme soufflé par un vent de sable. Seule reste la poussière et quelques âmes nomades, donnant à Kaboul une ambiance de farwest version Asie centrale.
C’est le Jour J pourtant. De bon matin, une poignée de journalistes font le pied de grue devant l’endroit où le président intérimaire Hamid Karzai est attendu pour voter. Bien évidemment, ne rentre pas qui veut. Il faut montrer patte blanche et surtout l’accréditation de presse. Fouille au corps de la tête aux pieds; chien renifleur d’explosif pour tous les objets annexes (téléphones portables, cameras, sacs, etc.), tout y passe… sauf les chaussures… Un point en moins messieurs de la sécurité. Pendant la fouille, l’ambiance est polie et, bien sagement, tout le monde se prête au jeu.
On n’a pas vraiment le choix à vrai dire. Sinon, c’est bye-bye Mister president.
Le seul moment de distraction lors de la fouille vient du chien de l’un de ces mercenaires aux gueules patibulaires de la DynCorps. Bien dressé et tenue en laisse courte, ça n’empêche pas pour autant le bon toutou à son papa de repérer sur le trottoir d’en face une chienne errante pour laquelle il semble avoir le béguin. Ses gémissements de mâle en rut en disent longs. Mais rien à faire. Indifférente, la chienne vagabonde passe son chemin. Juste de quoi décrocher un léger sourire aux lèvres des chiens de guerre en charge de la garde rapprochée du président afghan. Cheveux longs, petit bouc ou barbe hirsute façon hippie sur la route des Indes, tous les miliciens US n’affichent pas un look très règlementaire. Mais bon, on va laisser passer pour cette fois-ci, vu que les gros flingues, ce sont eux qui les ont! Alors moi, avec ma barbe de trois jours, je fais profil bas.
Pour quelques millions de dollars de plus
Une fois passé le service d’ordre, il faut savoir être patient. Car Hamid Karzai se fait attendre au bureau de vote très VIP, installé dans le bâtiment du Premier ministre. Quand soudain, l’agitation se fait sentir du côté des porte-flingues. Au loin, déboule a vive allure avec les pleins phares un convoi d’une dizaine d’énormes 4x4 made in USA et autres berlines aux vitres teintées. Freinage brutal, crissements de pneus et portières qui s’ouvrent brutalement pour voir s’éjecter de gros balèses aux lunettes de soleil noires, il n’y a pas de doute, le maître de cérémonie est bien arrivé. Rapides coups d’oeil à droite et à gauche des sbires. RAS (rien à signaler) ! La zone est sécurisée. L’homme des Américains peut enfin sortir de sa limousine noire.
Le seul moment de distraction lors de la fouille vient du chien de l’un de ces mercenaires aux gueules patibulaires de la DynCorps. Bien dressé et tenue en laisse courte, ça n’empêche pas pour autant le bon toutou à son papa de repérer sur le trottoir d’en face une chienne errante pour laquelle il semble avoir le béguin. Ses gémissements de mâle en rut en disent longs. Mais rien à faire. Indifférente, la chienne vagabonde passe son chemin. Juste de quoi décrocher un léger sourire aux lèvres des chiens de guerre en charge de la garde rapprochée du président afghan. Cheveux longs, petit bouc ou barbe hirsute façon hippie sur la route des Indes, tous les miliciens US n’affichent pas un look très règlementaire. Mais bon, on va laisser passer pour cette fois-ci, vu que les gros flingues, ce sont eux qui les ont! Alors moi, avec ma barbe de trois jours, je fais profil bas.
Pour quelques millions de dollars de plus
Une fois passé le service d’ordre, il faut savoir être patient. Car Hamid Karzai se fait attendre au bureau de vote très VIP, installé dans le bâtiment du Premier ministre. Quand soudain, l’agitation se fait sentir du côté des porte-flingues. Au loin, déboule a vive allure avec les pleins phares un convoi d’une dizaine d’énormes 4x4 made in USA et autres berlines aux vitres teintées. Freinage brutal, crissements de pneus et portières qui s’ouvrent brutalement pour voir s’éjecter de gros balèses aux lunettes de soleil noires, il n’y a pas de doute, le maître de cérémonie est bien arrivé. Rapides coups d’oeil à droite et à gauche des sbires. RAS (rien à signaler) ! La zone est sécurisée. L’homme des Américains peut enfin sortir de sa limousine noire.
Manteau traditionnel afghan jeté sur les épaules
et tout sourire avec sa barbe soigneusement taillée face au parterre de journalistes, Hamid Karzai soigne son image d’homme providentiel dans un pays en ruines et soumis à la loi des «saigneurs de la guerre». Les formules de politesse distribuées à la presse, il s’agit maintenant de voter. Quelques minutes suffisent et retour devant les medias en pleine bousculade pour décrocher la meilleure image et enregistrer les mots de celui qui est déjà donné gagnant des élections. La rencontre ne dure que quelques minutes. Et la fin du show est aussi rapide et efficace que l’entrée en scène. D’un seul coup, la pression retombe… Mais pas pour longtemps.
En milieu de journée, le scandale éclate. Les 15 candidats encore en lice contre le président sortant –deux s’étant désistées au profit de Karzai -, annoncent à l’unisson qu’ils boycottent les élections. L’objet du litige ? L’encre utilisée pour empêcher les électeurs de voter plusieurs fois n’est pas indélébile. Preuve en est, le cousin d’un des photographes de mon agence photo a voté onze fois pour le même candidat juste en se lavant les mains et en utilisant onze cartes de vote différentes. Le comble de cette histoire, c’est qu’il a voté à chaque fois pour Younous Qanoni, ancien ministre de l’éducation et challenger de Karzai, et est en l’occurrence l’un des leaders du groupe des contestataires. Sans aucun doute, on peut dire qu’ici la démocratie est ici encore une notion « fragile ». Dire que la facture de ces élections tourne autour de 150 à 200 millions de dollars et que tout peut capoter à cause de quelques litres d’encre soluble dans l’eau. Bienvenue en Afghanistan.
Show must go on
Quoiqu’il en soit, le dépouillage des votes est en cours. Les bulletins sont rapatriés en pick-up, en camions, en hélicoptères ou encore à dos d’ânes pour les régions montagneuses les plus reculées. A quand le résultat des courses ? Pas avant une à deux semaines nous dit-on. Malgré tout ce ramdam politique à l’afghane et ces associations « de malfaiteurs », ce qui m’enchante c’est de voir un peu partout ces enfants accrochés au bout des cerfs-volants. N’importe où, sur le toit des maisons ou en pleine rue, petits déjà ils apprennent à jouer avec les vents porteurs et à dompter ceux qui sont contraires. Certainement histoires de s’habituer lorsqu’ils seront plus grands aux volte-face de dernière minute…
En milieu de journée, le scandale éclate. Les 15 candidats encore en lice contre le président sortant –deux s’étant désistées au profit de Karzai -, annoncent à l’unisson qu’ils boycottent les élections. L’objet du litige ? L’encre utilisée pour empêcher les électeurs de voter plusieurs fois n’est pas indélébile. Preuve en est, le cousin d’un des photographes de mon agence photo a voté onze fois pour le même candidat juste en se lavant les mains et en utilisant onze cartes de vote différentes. Le comble de cette histoire, c’est qu’il a voté à chaque fois pour Younous Qanoni, ancien ministre de l’éducation et challenger de Karzai, et est en l’occurrence l’un des leaders du groupe des contestataires. Sans aucun doute, on peut dire qu’ici la démocratie est ici encore une notion « fragile ». Dire que la facture de ces élections tourne autour de 150 à 200 millions de dollars et que tout peut capoter à cause de quelques litres d’encre soluble dans l’eau. Bienvenue en Afghanistan.
Show must go on
Quoiqu’il en soit, le dépouillage des votes est en cours. Les bulletins sont rapatriés en pick-up, en camions, en hélicoptères ou encore à dos d’ânes pour les régions montagneuses les plus reculées. A quand le résultat des courses ? Pas avant une à deux semaines nous dit-on. Malgré tout ce ramdam politique à l’afghane et ces associations « de malfaiteurs », ce qui m’enchante c’est de voir un peu partout ces enfants accrochés au bout des cerfs-volants. N’importe où, sur le toit des maisons ou en pleine rue, petits déjà ils apprennent à jouer avec les vents porteurs et à dompter ceux qui sont contraires. Certainement histoires de s’habituer lorsqu’ils seront plus grands aux volte-face de dernière minute…
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